Les yeux de Marthe

Publié le par Fimbrethil & Loki

triplette, dinosaure, moule à gaufre, vagin, lactose


Commençons par le commencement et concentrons nous sur la petite et sombre enfance de l’innommable professeur Shlub, garnement de la pire espèce au sein de l'inénarrable ville de Lampshester. L'enfant nourrissait une passion pour les insectes. De ses pinces tiraillaient les moeurs des cafards et des mouches, sa chambre garnie de bocaux divers… Ses parents furent vite dépassés… En effet, pour se payer tous ces bocaux et autres ustensiles d'analyse et de dissection, le petit Gérard s'adonnait à sa seconde passion : le vol à la tire! Ses petites mains avaient visité la plupart des poches de Lampshester et la maréchaussée venait prendre le thé à son domicile tous les mardis, ramenant généralement le petit Shlub par les oreilles à sa mère désespérée. Alors, Mr et Mme Shlub décidèrent d'envoyer le petit Gérard à la campagne chez sa tante Marthe. Celle ci, grande catholique prude et rude de renom se dit que seuls les châtiments corporels et la lecture de l'évangile selon Saint Marc auraient raison de ce sauvageon. Au rythme du martinet, notre petit Georges maugréait les saintes paroles tout en nourrissant de vils desseins de vengeance.

A l'adolescence, il eut envie de tenter l'Expérience, et pourquoi pas salir la vertu de sa marâtre par la même occasion. Une nuit, il décida que tout ceci devait enfin se terminer : son exil de Lampshester, cette vieille tante rabat-joie, ce Marc dont il n'avait que fiche… Peu à peu, au fil des jours son esprit torturé en manque de papillon a disséquer, entreprit ce qui lui valut ses premiers galons de professeur… La Dissection de la Tante Marthe! Et au passage son dépucelage... Fermons les yeux un moment sur ces moments horribles. L'horreur est sans nom mais le petit Gérard était enfin libre. Libre de parcourir les champs, puis la route avec son bocal dans lequel s'agitaient les yeux sanguinolents de sa tantine. Les jours se suivirent le sourire aux lèvres, et pourtant ces deux yeux le regardaient toujours… Il avait regagné Lampshester, prit une petite chambre qu'il payait avec le fruit de ses rapines diverses. Mais toujours, les yeux de la vieille dame semblaient le fixer inlassablement. A la lumière de la bougie, quand la ville était endormie et que les livres d'études anatomiques gisaient de ça et la sur sa petite table, lui aspirait à la gloire, à la reconnaissance de ses pairs. Le vestige des yeux de Marthe... Il fallait aller plus loin ! Entrer à la grande université de Shephire, acquérir des connaissances pour accéder à La Métamorphose, enfin... Au petit matin, de faux à usage de faux, son dossier de candidature se mit en place. Des semaines plus tard aurait lieu l'entretien avec Miss Schnick, doctorante de renom, qui allait changer le cours de l'existence de notre futur professeur Shlub…
Lundi arriva… Le jeune Shlub mit son pus beau costume, le bleu, rayé de jaune. il ajusta une dernière fois son noeud papillon devant le miroir fatigué de sa chambre, et jeta machinalement un regard vers le bocal de la tante. Les yeux roulèrent sur eux mêmes, et une voix lui transperça le cerveau.
« Je veux sa vertu! Rapporte moi sa vertu! » C'était la voix de la tante Marthe…
Notre cher Shlub n'en revint pas, mais la voix insistait tant et tant que celui ci partit à son rendez vous avec cette seule idée en tête : ramener un vagin pour la tantine… Ces mots résonnèrent pendant tout l'entretien. Miss Schnick, assise, ses longues et magnifiques jambes touchant le sol, sa délicieuse jupe un peu trop relevée trouvait beaucoup de charme à ce jeune et futur élève. Si bien qu'après leur entretien elle le fit passer dans le boudoir… Gérard shlub s'en trouva troublé et se trouva confronté à un étrange dilemme : était-ce la chair froide qui lui faisait naître le désir, le plaisir du scalpel, éventrer, découper ou l'affolement des veines? C'est alors qu'il surprit sa propre jouissance quand il serra ses doigts sur le cou blanc, et l'étonnement quand la renommée miss Schnick retomba comme une triste poupée de chiffons inerte sur le sol, morte. Saisissant son scalpel, il lui découpa son organe de vertu et s'enfuit chez lui, espérant que son dossier allait quand même être retenu… La tante Marthe contempla son nouveau vagin toute la nuit roulant des yeux à l'étroit dans son petit bocal…

Les années qui suivirent, le jeune Shlub ramena également une bouche, deux tétons et une main. Ses trois meurtres, car il y eut meurtre, défrayèrent la chronique et l'on en parle encore dans les gazettes comme des « Triplettes de Lampshester » (en rapport à une légende du coin…) Du coup notre Gérard se tint à carreaux un temps… Notre professeur empreint de macabre se sentait seul tout en contemplant les organes, fruits de ses recherches criminelles. Il était si proche du but... Il prit donc des composants végétaux et animaux, recueillit le lactose et l'introduit dans le tube.... C'était vain... Il lui fallait de la matière organique, mais il fallait être discret… Il consulta donc les pages du So british. Des péripatéticiennes... Doux gibier… Cependant, la tante Marthe était inflexible sur un point, elle voulait venir. La bouche qu'il lui avait ramené n'était pas à son goût. Le professeur Shlub, car entre temps, il était devenu agrégé à l'université, emmena avec lui le précieux bocal et s'enfuit ainsi de par les rues avec sa tante sous le manteau et se rendit a l'adresse indiquée : "Chez Sophie, massage divers et variés, ustensiles acceptés". La nuit sifflait fort et le vent était noir lorsqu'il pénétra dans la petite maison en marge de la ville. Une voix venait de la pièce du fond.
« Approche mon bel étalon, viens voir ta Sophie ». Etrange voix sensuelle et gutturale à la fois. La Tante Marthe tremblait dans son bocal, et Gérard s'avançait dans la masure. Lorsqu'il pénétra dans la pièce de luxure, il se trouva face à la Sophie en question. La tante Marthe écarquilla les yeux. Gérard de même. Sophie n'était autre qu'un gros dinosaure vautré sur un lit de soie. D'un coup de dents, elle fit sauter la tête du professeur sans qu'il eut le temps de dire ouf! elle commençait à le dévorer quand elle aperçut le bocal tantinesque. Elle dévisagea ses occupants, puis le plaça sur la petite étagère en merisier à côté du lit. Et finit d'engloutir le professeur d'université un peu trop tête en l'air qui gisait sur sa moquette…

Chers lecteurs tirez en une morale! Moulinez vos rêves à gaufre au sein de Scotland Yard, l'issue peut parfois être la même, sachez juste tirer les bons préceptes de l'évangile selon…


FIN

Publié dans Contes à plusieurs

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article