La crevasse

Publié le par Fimbrethil

Au détour d’une petite route de campagne, au delà de la lande de cette contrée au nom insaisissable, le sol, taraudé d’herbes hautes, nous invite vers un ailleurs. Dissimulé par l’incertitude feuillue, le chemin sinueux et rocailleux qui y mène tend à disparaître… La terre est pourpre et boit le ciel, la crevasse est immense.

On raconte qu’à l’aube, il y a fort longtemps, les lavandières malmenaient le linge au lac. La lune en déclin se nourrissait de leurs paroles, l’eau de leur labeur…
Mais ce matin là, la lune et le miroir ondoyant aveuglèrent le voyageur aux tentacules. Ecrasant la rosée de leurs yeux, nos bonnes femmes assistèrent à un bien étrange mouvement dans le ciel. L’air frais devint lourd, et la chute des profondeurs du dessus fut terrible… Affolées, les lavandières se dispersèrent de toutes parts hors du pays bigoudin, et leur parole devint faribole.

Le lac n’est plus, tari par cette chute.
Mais on peut distinguer encore au cœur de cette faille l’empreinte de Saturne.

Publié dans Contes

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