Il était une fois deux ombres

Publié le par Loki L'Oaken

plantureuse, grimaces, ambulance, immigration, cratère

Il était une fois... quelques part dans un pays froid et austère qui avait connu la guerre, il était une fois une ombre qui n'avait plus de cœur, plus de cœur à rien. Son occupation majeure consistait à ne rien faire, et elle le faisait bien. Ou plutôt il le faisait bien, car cet ombre fuyante et courante le long des murs des métropole était un homme, un garçon, bref un mâle.

Il était une fois un pays froid et austère qui avait connu la guerre. Les chefs s'y succédaient sans peine, vendant des étoiles jaunes enveloppées dans du papier journal, journal qui commentait avec ferveur les exploits des travailleurs. Même de ceux qui faisait de l'argent en poussant une balle dans le filet à provision des ménagères, deux fois mères et demi. On fit donc comprendre très vite à cette ombre, à cet homme, que les grimaces qu'il faisait ne rimaient a rien, et que ce rien c'était déjà de trop. Et s'il voulait rester il n'avait qu'à balayer devant sa porte et devant celle des ménagères!
C'est par un beau matin qu'il décida de choisir la porte B3, formulaire A412, direction dehors, bonjour chez vous, l'immigration du corps et de l'esprit pour allez faire ses grimaces ailleurs.

Il était une fois, un pays moite rempli d'ombres noires et chaudes, d'insecte et de volailles libres.
Il était une fois une ombre pâle, toute froide de la nuit dans ce tube en fer qui vole au dessus des nuages (et aussi dedans), qui embrassait pour la première fois le continent de sable ou dit-on, rien faire c'est déjà rester en vie, passez votre chemin si vous voulez suer pour du papier.
(Il se trompait sur ce point mais ceci n'est pas de mon ressort et ne concerne pas notre histoire.)
Oh qu'elles étaient tortueuses ces petites rues pleines d'un vent nouveau et de parfum inconnus.
Oh qu'elle était tendre cette brise légère apportant son flot de bruits magnifiques car étrangers à cette ombre pâlotte en papillote.
Oh qu'elle était belle, enrobée dans son étoffe aux couleurs vives, tortillant des fesses sur le chemin du soleil.

Il était une fois une ombre noire et plantureuse, pieds nus dans la terre. Elle savait regarder derrière elle sans tourner la tête, et arma son sourire avant de se retourner sur le voyageur charmé. Ses deux grands yeux noirs se plantèrent dans le cœur du fainéant qui la suivait, elle le savait, elle le trouvait beau, si, si.

Il était une fois deux ombres opposées, mais pas tant que ça, s'enlaçant à l'ombre d'un store de bois. Des milliers de petites gouttes roulèrent cette nuit là sur leur corps. Et eux roulaient des yeux en se dévorant l'un l'autre. Il se perdit en elle comme dans un cratère. Fente béante, mugissante et éruptive. Elle, ronde qu'elle était comme la terre, lui dressé et croquant comme la carotte du petit lapin. Il s'accrochèrent tant et si bien qu'ils vécurent six années accrochés.

Il était une fois une ambulance qui roule dans la nuit avec à son bord l'une ou l'autre de ces deux ombres (quelle importance). Le véhicule roulait vite et fort mais c'était juste un jeu pour le chauffeur, car derrière c'était déjà trop tard. Un petit rien s'était transformé en tout, un ridicule bout de rien avait grandi dans les deux corps, une lente destruction programmé que rien n'arrête, surtout là-bas au pays du sable chaud.
Quelle ombre est morte de cette foutue saloperie, cela n'a au final vraiment pas d'importance, chacun se fera son histoire, sa grimace.

FIN

 

Publié dans Contes

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