Narufu

Publié le par Cysleith et Fimbrethil



«  Regarde! dit la Nelfette, ne trouves-tu pas que ces sandales vont à merveille avec ma nouvelle jupe verte? »
Narufu se pencha donc vers l'écran pour mieux voir. Il se pencha même tellement qu'il tomba dedans! Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se rendit compte qu'il se trouvait dans le temple des frelons, tribu ancestrale de la caste des insectes guerriers !
         
Intrigué, il se dit qu'il pourrait visiter un peu et pourquoi pas récolter quelques vestiges qu'il revendrait aux puces. Narufu erra donc dans les galeries et se rendit compte qu'il n'allait pas tarder à arriver dans un cul de sac. Il entendit soudain comme un bourdonnement. 
«  Bzzz…
- Bzzz ? Répéta il, interloqué.
- Bzzz ! » Lui fut il répondu.
Fouillant les lieux du regard, il découvrit alors ce qui ressemblait fort à un ornithorynque bleu nuit affublé d'une collerette rose.
«  Salut!  fit ce dernier. Moi, c'est Horny, et toi?
- Moi c'est Narufu, répondit l'autre. Et je...
- Voulay vous couchay avec moi? »
Interdit, ahuri par cette proposition indécente, Narufu se boucha les oreilles et se mit à hurler. Comment sortir et s'échapper de ce traquenard? Il regarda ses pieds, laissa échapper quelques secondes de lourd silence puis détala comme un lapin. Il courut, il courut pour enfin se rendre compte qu'il tournait en rond et que sa course l'avait ramené au point de départ, à savoir sa confrontation avec l'abjecte Horny.
Celle ci se mit à rire, un rire bourdonneux et guttural.
«  Bzzzahbzzzahbzzzah ! Décides toi vite mon petit, et souviens toi de passer chez le coiffeur, on ne sait jamais, » ajouta elle d'un air énigmatique.
Il sembla alors à Narufu que le temps s'arrêtait, que la nature retenait son souffle. Horny regarda de gauche et de droite, et poussa un grand cri:
«  BZZZRAAAAHH ! »
Narufu regarda autour de lui, apeuré. C'est alors qu'il vit ce qui l'effrayait tant : une petite tache de lumière fluorescente avec des ailes...
Horny se mit sur ce qui lui servait de genoux et implora l'apparition.
"- Bzzz ayez pitié de moi grande prêtresse Bzzaolin ! "
Narufu observa la scène et se dit qu'il pourrait peut être profiter de la situation pour jouer au foot. Il sortit donc un ballon, qu'il avait toujours avec lui, et commença à s'entraîner. Jusqu'au moment où la balle rebondit un peu trop loin. Il dut courir après. Il courut longtemps... longtemps... (Encore un peu plus... encore... Là! Voilà! )
        
Arriva un moment où il ne sut plus pourquoi il courait ainsi. Il stoppa net et se mit alors à faire quelque chose qu'il n'avait jamais fait. Réfléchir, méditer ! Narufu s'assit donc sur son derrière et porta ses paluches à sa tête.
«  D'où viens-je ? D'où erre-je? »
De longues heures s'écoulèrent ainsi quand soudain une sensation inconfortable perturba sa réflexion naissante.
« Ca me gratte! hurla il. Ca me graaaatte !
- Y semblerait bien. » Fit une grosse voix toute proche.
Narufu se retourna et se retrouva nez à nez avec… un hippopotame (oui madame !) Ce dernier agita les oreilles et cligna de l'oeil à l'intention de Narufu, qui en oublia ses démangeaisons.
«  Alors, reprit la grosse bête, c'est vous qui venez pour le spectacle de marionnettes de ce soir?
- Quoi? s'offusqua Narufu, tout en roulant des yeux.
- Ben oui, c'est bien vous non, le clou du spectacle?
- Quoi ?! s’offusqua à nouveau Narufu.
- Si, si, c'est bien vous, je vous reconnais. »
La grosse bête lui montra une affiche et Narufu ne put nier l'évidence, c'était bien lui.
« Mais je dois faire quoi au juste?
- Eh ben, voyez, vous prenez une chaussette, comme ça (L'hippopotame enlève une de ses chaussettes), vous glissez une mimine dedans, et vous inventez une histoire pour aller avec! »
Narufu, perdu dans l'immense chaussette, demanda un peu de temps pour se préparer (Disons, jusqu'en 2020..) mais il profita de l'inattention de l'hippopotame pour prendre la poudre d'escamplouf ( Celle qu'on prend, pas celle qu'on sniffe!) et mit les voiles vers l'infini (et au-delà).
        
Mais il se perdit en route. Egaré dans le néant, il erra ainsi quelques heures avant d'arriver en vue d'une cahute en bois nantie d'un panneau sur lequel on pouvait lire:
«  LEMBAS PAS CHER »
Narufu n'avait, jusqu'alors, rien eu à redire sur les nourritures elfiques; aussi entra-il dans la cabane.Une elfette de sa connaissance, bizarrement, s'y trouvait déjà. Nullement surprise, elle se retourna et lui dit:
«  Regarde! Je t'ai trouvé ce magnifique costume de Guignol, pour aller avec tes cheveux ! »
 
La morale de cette histoire, c'est qu'il ne faut pas renier ses origines et s'adonner à l'exercice de la pensée si l'on ne veut pas se retrouver à agiter des chaussettes devant des hippopotames (Aussi émerveillés qu'ils puissent être).

 

 

FIN
 

Publié dans Cadavres exquis

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